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La force de l’intention

Un vent d’espoir souffle enfin sur l’Occitanie depuis l’arrivée du nouveau Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé.

Dès sa prise de fonction, Monsieur Pierre Ricordeau s’engage. Il porte la volonté de fédérer les intentions, et encore plus, de les sceller par une convention liant l’implication des acteurs et des tutelles. C’est l’ambition de réussir, pour la proximité, le virage révolutionnaire de la formalisation des organisations en santé en mettant à leur place les professionnels libéraux.

Cet accent posé sur le premier recours donne enfin une logique à l’organisation des soins. Jusque-là, celle-ci est pensée en allant du complexe au simple. Ne nous y trompons pas, ce modèle prévaut encore, présent dans l’organisation paradoxale de quelques réseaux de soins. Quand l’agence régionale de santé a décidé unilatéralement de transmuter des réseaux en plateformes territoriales d’appui pourtant réglementairement tournées vers les médecins généralistes, elle ne s’est pas préoccupée d’en sélectionner certains qui, dans le fondement même de leur fonctionnement, n’avaient juste pas l’idée d’associer le médecin traitant à leurs interventions sur les patients (confer l’évaluation des réseaux de l’URPS médecins libéraux de Midi-Pyrénées).
Nous partons donc de loin. Les échéances très ambitieuses de « Ma Santé 2022 » ne doivent pas nous faire oublier qu’il s’agit plus de courir un marathon que de gagner une course de vitesse.
La mise en place des CPTS procède d’une logique de coopérations. Celle-ci n’est pas le paradigme des organisations sanitaires que nous connaissons. Le principe même des autorisations nécessaires pour le financement d’activités de soins est plus propice à la compétition qu’à la coopération. Nous sommes, nous professionnels libéraux, au pied du mur de l’innovation. Nous devons, par corps de métier, identifier les axes sur lesquels les collaborations seront des leviers d’amélioration. Les premiers enjeux pour les médecins sont tracés par la Ministre de la santé. Nous devons assurer à chaque citoyen, l’accès à un médecin traitant et à des soins non programmés. Un autre axe, devenu tout aussi complexe, est de garantir une fluidité d’accès vers le second recours dans des délais en adéquation avec les nécessités cliniques. C’est la première pierre de la construction. Chaque profession de santé aura à dégager aussi les priorités d’actions d’amélioration dans son champ d’activité. C’est, après ce préalable pour chaque corps de métier, que les pratiques collaboratives vont venir porter l’innovation de l’organisation des CPTS. Elles devront faire l’objet de recommandations écrites par les professionnels eux-mêmes, pour être pertinentes et applicables. L’excellence des pratiques professionnelles évoluera vers l’excellence des coopérations pluriprofessionnelles.
Cette indispensable professionnalisation des coopérations pluriprofessionnelles doit s’appuyer sur la claire identification des métiers de chacun, insistant sur les complémentarités en se gardant des confusions, dans les transferts de compétences déjà en cours. Le souci d’actions avec l’illusion d’économies de court terme, porte des risques majeurs de désorganisation des soins, de leur qualité et de leur sécurité. In fine, sans bénéfice économique de surcroit.
Chaque URPS identifie en ce moment les acteurs volontaires pour mener de telles actions sur l’ensemble des territoires de l’Occitanie. Les CPTS sont ouvertes à tous, elles n’excluent personne. Ce ne sont pas des structures mais des organisations, qui représentent une chance de valoriser nos pratiques libérales en restant dans le système de santé. Nous devrons échapper au millefeuille administratif. Le projet n’est pas de constituer une quelconque institution, de créer des postes de direction, qu’ils soient administratifs ou médicaux. Nous seuls pouvons trouver ce fonctionnement, garant de l’autonomie et de la liberté de nos pratiques libérales, dans un souci partagé et organisé du service médical rendu à l’usager du système. Cet usager aspire aussi, n’en déplaise à certains, à rester un patient. Nous allons professionnaliser les coopérations en nous engageant et en construisant ces pratiques collaboratives. Les outils de la démarche qualité vont nous aider dans cette passionnante création.

Docteur Maurice BENSOUSSAN, Psychiatre, Président de l’URPS ML Occitanie

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