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Des questions pour l’avenir

L’URPS des médecins libéraux n’a pas vocation à commenter l’actualité nationale et en particulier les négociations conventionnelles.

Les missions de l’URPS concernent essentiellement la politique de santé régionale notamment dans le cadre du Projet Régional de Santé. Mais les implications de la politique nationale sur la démographie médicale sont réelles et seront probablement rapidement mesurables. Il appartient donc à l’URPS d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les risques démographiques liées à la baisse d’attractivité de nos métiers.

A l’heure où j’écris ces lignes certains syndicats ont déjà annoncé ou vont annoncer le rejet de la convention proposée par la CNAM. Cette décision est forte. Elle est impliquante et les responsables syndicaux en mesurent pleinement les conséquences.
Pour le comprendre, nous avons choisi de faire un verbatim des déclarations de nos consœurs et confrères, un peu à la façon du CNR, puisque cet exercice démocratique de recueil des attentes se développe.
Les voici. Sans filtres. Puissent ces cris du cœur nous permettre d’éviter d’amplifier une crise rendant de plus en plus problématique l’accès aux soins dans nos territoires.

« C’est une déclaration de guerre contre les médecins, cette convention. »
« J’ai l’impression de vivre dans une société qui ne nous comprend pas. Pourquoi favoriser la médecine à la chaine ?
« Je me lève le matin la boule au ventre, écœurée. Qu’est-ce qu’on fait mal ? »
« Je suis dans une crise existentielle, je suis à deux doigts de quitter un boulot que j’adore pourtant.
« La médecine dont on fait la promotion n’est pas soutenue, elle n’est pas assez dans l’air de la start up nation, elle souhaite prendre du temps avec les patients. »
« Cette convention devait répondre aux problèmes de démographie et d’attractivité : elle ne répond ni à l’un ni à l’autre »
« Si on veut maintenir nos revenus, on nous demande d’en faire plus. Mais on n’en peut plus, les jeunes commencent à me dire qu’ils ne s’installeront pas ».
« Signer serait une erreur historique : nous acterions une logique de médecine qui incite à ne plus s’occuper correctement du patient »
« Cette convention nous laisse penser qu’on passe à côté des vrais enjeux de santé publique que l’on rencontre. Mettre autant le paquet sur les soins non programmés se fera au détriment des patients présentant des pathologies chroniques »
« Le CET : on ne peut pas signer un truc qui divise autant la profession. On n’est pas là pour fragiliser les plus fragiles d’entre nous, jeunes et pré retraités »
« Je ne comprends pas cette urgence coercitive alors que l’on passe notre temps à développer l’exercice coordonné. Que devons-nous faire maintenant ? »
« Je suis une mauvaise élève, je ne bosse que 35 heures pour pouvoir élever mes enfants. J’adore mon métier, j’adore mes patients et je fais du mieux que je peux. Mais je n’en peux plus, ma remplaçante vient d’ailleurs de partir ».
« On a cette image de médecins nantis qui nous colle à la peau, ce n’est pas mon cas. »
« Cette période de négociations va laisser des plaies chez les généralistes, beaucoup sont en souffrance. Il va falloir qu’on prenne soin les uns des autres ».
« On pousse les médecins au déconventionnement, on a le sentiment que le Gouvernement souhaite une médecine inégalitaire »
« Je pensais que la santé était en France préservée de la financiarisation, on voit cette tendance se confirmer sous nos yeux »
« Les collègues vont mal, ils vont filer chez les grands groupes comme R*m**y »
« Ça me fend le cœur de vous entendre vous raconter aujourd’hui, il va falloir qu’on prenne soin les uns des autres »
« Comment on peut imaginer que des médecins soient intéressés financièrement selon leur prescription ? La médecine générale doit rester indépendante, c’est important à commencer pour les patients ! »
« Les jeunes, à ce rythme, vont partir se protéger dans les grands groupes financiers »
« Ce texte est bourré d’injonctions paradoxales. Il nous pousse à faire du volume tout en expliquant que la priorité doit être en même temps de s’occuper des patients présentant des pathologies chroniques »
« La CNAM nous connaît mieux que le politique, mais on voit bien qu’elle a les mains liées »
« Je me sens méprisé, pourtant on est mesuré, on se bat aussi pour limiter la financiarisation de la santé qui s’annonce »
« On voit bien dans la colère de nos confrères, des gens perdus. Personne ne veut que l’on signe cette convention »
« Des revalorisations conditionnelles dans 2 ans ? C’est insultant »
« Ce qui m’attriste, c’est que les gens ne comprennent pas que la suite logique de l’abandon de la médecine générale libérale comme on la connaît, c’est l’arrivée des grands groupes financiers »
« Pour moi, cette convention c’est la triple peine. Mes enfants ont des difficultés, je m’en occupe et j’assure auprès de mes patients. Je ne suis pas une machine, je suis à bout et ne peux pas faire plus. Cette convention me désigne comme une mauvaise élève, c’est injuste »
« Après le COVID et tout ce que l’on a fait, c’est incompréhensible »
« J’enseigne auprès des internes en médecine, ils sont dans une totale incompréhension »
« Je consulte 3 jours par semaine, mais je travaille bien plus. Tout ce travail invisible… Ma famille voit bien que je ne peux pas faire plus »
« Pendant de longues années nous n’étions pas reconnus. Aujourd’hui nous connaissons un coup dur, il ne faut pas déprimer mais compter sur le groupe et résister ».
« Les jeunes, on sait que c’est dur aussi pour vous. Avec des enfants en bas âge par exemple. On est là pour vous aider aussi »
« Je viens de m’installer, parce que j’adore ce métier de médecin traitant. Mais je suis inquiet. Il ne faut pas signer cette convention. »
« Je ne suis pas sûr de continuer à prendre des internes, ce que l’on attend de nous c’est de faire du volume, une médecine sans qualité »

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