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Éthique et économie : redonner sens à la santé

Le Conseil national de l’Ordre des médecins alerte, à juste titre, sur le tournant que représente le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026.
Ce texte, sous couvert d’efficacité budgétaire, semble oublier que la santé n’est pas une charge, mais un bien commun, un engagement collectif dont les médecins sont les premiers garants au service des patients-citoyens.

L’éthique médicale a toujours placé l’humain avant le chiffre. Le médecin n’est pas un gestionnaire de flux : il soigne, écoute, évalue, accompagne, personnalise le soin.
En réduisant l’acte médical à une variable comptable, c’est la relation de confiance entre le patient, le médecin et la société que l’on abîme. Or cette confiance est le socle de toute politique de santé solidaire.

La société confie au médecin une double responsabilité : celle de répondre aux besoins singuliers de chaque patient, mais aussi de participer à une organisation collective du soin.
Cette responsabilité éthique et sociétale ne peut s’exercer que dans un cadre respectueux de l’indépendance professionnelle et de la liberté de jugement clinique. Sans cela, la médecine risque de se réduire à l’application d’algorithmes administratifs, incapables de saisir la complexité de l’humain dans son environnement.

Pour autant, l’économie de la santé n’est pas l’ennemie de l’éthique : elle en est le prolongement, lorsqu’elle s’attache à construire un financement pérenne et équitable du soin.
Mais la maîtrise des dépenses n’a de sens que si elle s’inscrit dans une vision à long terme : organiser l’accès équitable aux soins pour tous, préserver la qualité et la sécurité de la prise en charge, garantir la viabilité de l’exercice médical — notamment libéral — sur tout le territoire.

Les médecins libéraux, acteurs de terrain, partagent cette exigence de responsabilité : celle de concilier équité, qualité et efficacité.
Ils la portent chaque jour, la revendiquent.
Mais ils refusent une approche coercitive, dictée par la seule logique comptable, incompatible avec la confiance des patients, qui fonde leur engagement.

La régulation ne peut être efficace que si elle repose sur le dialogue, la coordination et la reconnaissance pleine du rôle du médecin dans la République.
Notre système de santé repose sur un équilibre fragile entre solidarité nationale, responsabilité médicale et liberté d’exercice.
C’est cet équilibre qu’il nous faut préserver et réinventer face aux défis actuels.

Car la santé n’est pas un coût : elle est la condition même d’une société juste, humaine et durable.

Jean-Christophe Calmes, président de l’URPS Médecins libéraux

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