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Publication des résultats de l’étude MSP :

Pour monter un projet de MSP (Maison de Santé Pluriprofessionnelle), bénéficier de l’expérience de ses pairs et de l’accompagnement proposé en région

On pense raisonnablement voir le nombre des MSP en Occitanie atteindre le chiffre de 150 d’ici à 2020. La progression a été rapide : on comptait 10 maisons en 2010, 106 en 2017 et 126 au 31 décembre 2018.

À l’automne dernier, l’URPS voulait faire un arrêt sur images pour dresser un état des lieux exhaustif des maisons de santé pour mieux mesurer cette progression et les incidences sur le système de soins régional. Un cabinet toulousain, Ipso Facto et un laboratoire interdisciplinaire, Lisst, qui se sont associés pour mener cette étude, viennent de rendre leur copie. Les enquêteurs ont recherché les motivations des acteurs de ces MSP, leur implication dans les projets, les difficultés rencontrées, les éléments facilitants, l’intérêt du système d’information, la valeur de l’accord conventionnel interprofessionnel, les apports de la maison de santé, la balance satisfaction et insatisfaction tant en matière de qualité du travail et de vie que du service rendu aux patients. Un travail qui se voulait complet. Dans le questionnaire consacré aux structures, les enquêteurs ont passé au crible le profil de la MSP de matière très pointue (lieu, hommes, matériels, procédures, gouvernance, règlement intérieur, échanges internes, projet de santé, financement, SI). Le résultat est une mine d’enseignements. Il est vrai que le questionnaire adressé aux 500 médecins qui travaillent dans les maisons de santé ne comportait pas moins de 40 questions, et le questionnaire adressé aux 124 structures grimpait aux 75 questions ! Taux de retour : 40 % pour l’enquête médecin et 36 % pour l’enquête structure. Ce taux de participation confirme la représentativité de l’étude.

C’est entre 2012 et 2017 que se sont ouvertes les MSP (83 %) avec une pointe pour l’année 2016-2017 (37 %) contre 7 % en 2018. La mise en place d’une maison est longue : 50 % des projets ont été montés en moyenne en 2 ans, et 10 % moins d’un an. La continuité avec un cabinet médical préexistant se constate dans 67 % des cas ; si quasiment toutes les MSP ont deux médecins généralistes, 37 % ont au moins un médecin spécialiste ; 93 % des MSP ont au moins un professionnel paramédical ; et 23 % des MSP ont au moins un pharmacien. Voilà les premiers grands enseignements.

Ce qui retient l’attention dans un premier temps du Dr Bruno Gay, coordonnateur de la Commission MSP et organisation des soins primaires de l’URPS, est l’évolution dans la mise en place des MSP : « Au début des lancements il y a dix ans,explique-t-il, les maisons ont essuyé les plâtres. Généralement ces MSP ont été créées dans la continuité des cabinets de groupe et correspondaient peu aux nouveaux modèles qui ont émergés en 2016 : elles n’avaient pas de coordinateurs administratifs, pas de cadre de fonctionnement précis pour la gestion, pas de réunions de concertation pluriprofessionnelle. Les plus récentes, créées après 2016, se caractérisent par une plus grande professionnalisation, et notamment en matière d’organisation administrative et le renforcement de la contractualisation. » Les médecins reconnaissent que la mise en place de l’ACI (formalisé aujourd’hui dans 53% des structures) a effectivement amélioré la systématisation d’un poste de coordination, fonction qui était présente dans les structures sous différentes formes. Cette contractualisation a donc permis une harmonisation des pratiques de coordination sur les structures et un processus d’acculturation nécessaire.

L’étude se penche longuement sur le niveau de satisfaction des médecins généralistes et spécialistes. Ils sont 58 % à se dire satisfaits, voire très satisfaits par ce mode d’exercice. Les raisons sont multiples. Arrivent en tête le travail avec d’autres médecins (note de 16/20), puis le travail en équipe pluriprofessionnelle (15.6/20), la réponse à des objectifs personnels (14.9/20), la coordination des soins (14.9/20) et le partage des connaissances et des pratiques (14.7/20). Ce mode de regroupement a amélioré de manière significative la qualité et l’accessibilité des soins pour la population des MSP, que ce soit en terme de gestion des situations complexes ou d’accès aux soins non programmés par exemple. Cela est reconnu par la moitié des médecins interrogés. Les éléments à améliorer sont l’allégement des tâches administratives, la rupture de l’isolement professionnel et le partage de l’information et des charges.

L’accompagnement des porteurs de projets a un impact significatif sur la satisfaction des professionnels à s’emparer du projet. Par exemple, le taux de satisfaction pour la mise en œuvre du système d’information commun passe de 33 % sans accompagnement à 79 % avec un accompagnement. Autre exemple, la mise en œuvre de la prise en charge des patients en mode pluriprofessionnel est satisfaisante pour les équipes à hauteur de 53 % sans accompagnement et à hauteur de 89 % avec un accompagnement expertal. Il y a donc une relation très forte entre accompagnement et satisfaction des équipes, et cela souligne l’importance d’être accompagné pour ces projets. La valeur de recommandation est de 17,2/20 pour les médecins en cours d’installation qui recherchent une MSP et 15,2/20 pour les médecins déjà installés en cabinet. Les éléments pouvant amener une insatisfaction sont à relier aux difficultés que rencontrent les praticiens avant et pendant le lancement de la maison ainsi que pendant les premières années d’exercice. L’enseignement à retenir et à renforcer est donc de poursuivre au niveau régional le déploiement des relais d’accompagnement des porteurs de projets, afin de permettre leurs déploiements dans des conditions plus satisfaisantes pour les médecins, et du temps.
« Pour réussir une MSP, dit le Dr Bruno Gay, il faut du temps avant la création, un véritable temps de réflexion ! Et il faut s’attacher à toutes les dimensions de la coordination : coordination clinique qui marche plutôt, coordination externe plus difficile à mettre en place et le travail d’équipe essentiel. Et bien sûr, le nerf de la guerre : la contractualisation avec l’ACI. Un bon financement est aussi la clé de la réussite. » 
À la lecture de l’étude, le coordonnateur de la Commission MSP et organisation des soins primaires de l’URPS invite les membres de l’Union à continuer à porter leurs efforts sur l’aide au montage : « Il ne faut pas sous-estimer cette aide à apporter pour la création des MSP. Nous devons communiquer, car nous sommes insuffisamment fléchés sur notre concours. »

Pierre Kerjean

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