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Face à la désertification, quatre stratégies d’adaptation chez les généralistes

Face à la pénurie croissante de médecins, les généralistes inventent des modes d’adaptation variés — parfois efficaces, parfois douloureux. Une étude de l’Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) met en lumière quatre stratégies déployées sur le terrain : fuite, résistance, coopération et ajustement.

➤ 1. FUIR OU CHANGER D’EXERCICE

Premier réflexe observé : quitter le territoire ou abandonner la médecine générale. Entre 2016 et 2022, 13 % des généralistes des zones les plus désertées sont partis avant l’âge de la retraite. Dans certains territoires fragiles, à peine la moitié des médecins sont restés en poste. D’autres ont choisi de se réorienter vers des pratiques moins exposées (médecine du sport, acupuncture, homéopathie). Cette stratégie, protectrice à court terme, aggrave la pénurie locale.

➤ 2. RÉSISTER EN TRAVAILANT PLUS INTENSÉMENT

Beaucoup choisissent de « tenir » en augmentant leur rythme de consultation, sans allonger leur semaine (environ 51 heures hebdomadaires). Ils réalisent 20 % d’actes supplémentaires par heure que leurs confrères mieux dotés, au prix d’un risque accru d’épuisement professionnel. Ce surinvestissement coexiste avec une volonté générale de préserver l’équilibre vie pro/vie perso, surtout chez les jeunes médecins et les femmes, désormais la moitié du corps médical.

➤ 3. COOPÉRER ET MUTUALISER

Le travail en équipe, via les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), est perçu comme un levier collectif. Environ 15 % des généralistes exercent dans ces structures, qui permettent une meilleure coordination et une répartition des tâches. Mais l’impact reste limité : la charge de travail ne diminue pas toujours, certaines MSP générant même un « effet d’appel » de la demande. Moins d’un praticien sur deux délègue réellement une part de ses activités.

➤ 4. RÉDUIRE LA VOILURE

Enfin, nombreux sont ceux qui s’adaptent par des restrictions d’activité : raccourcissement des consultations (27 %), espacement du suivi des patients chroniques ou refus de nouveaux patients (65 %). Ces adaptations « défensives » permettent de tenir, mais fragilisent davantage l’accès aux soins et la continuité médicale.

En résumé, conclut l’Irdes, les généralistes inventent des stratégies de survie face à la pénurie, mais aucune ne compense la perte structurelle d’attractivité de la médecine générale dans les territoires en tension.

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