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Au quotidien avec la pandémie : Catherine Guintoli, Médecin généraliste à Foix (09)

« Nos patients ont moins d’agressivité, et plus de considération pour notre profession.»

Elle se dit très fatiguée, « mais c’est sans doute le stress qui en est la raison » explique le Dr Catherine Guintoli. A priori la situation sanitaire est plutôt paisible en Ariège par rapport à celle d’autres départements de la région. Elle est plutôt comparable à ce que connaît le Lot ou la Lozère, ces départements où l’isolement naturel se conjugue sans peine au présent du verbe confiner. À la date du 18 avril, on comptait sur le territoire de l’Ariège 14 personnes hospitalisées dont deux patients en réanimation, et une seule infirmière diagnostiquée contaminée. Pas un seul médecin atteint par la maladie ! « Je le saurais si un confrère avait été testé positif », précise la présidente du Conseil départemental de l’Ordre. Cette fatigue, dont elle parle, vient de cette période durant laquelle tout un chacun a été « saisi de plein fouet » quelques jours après le confinement. «Ce qui m’a étonné, dit-elle, c’est la brutalité de la situation, son extrême rapidité ! En quelques jours nous sommes passés d’une activité médicale normale à une activité médicale complétement bouleversée où prédominait l’urgence. » Mais il a fallu réagir : « nous avons dû développer une énergie importante, qui a débouché sur la mise en place de 4 centres Covid-19 départementaux. Tout d’abord, il a fallû s’organiser pour trouver des lieux de consultations dédiés, faire le lien avec les mairies, avec l’ARS, avec la CPAM pour facturer les actes, et avec tous les professionnels de santé qu’ils soient médecins, infirmiers, kinés, aides-soignants pour participer à l’accueil des patients. Donc il a fallu faire le lien avec tous en parallèle de nos consultations ». Comme partout, l’activité médicale a baissé de l’ordre de 50 à 70 % selon les jours, ce qui a contribué à augmenter le niveau du stress. « Et puis, souligne le Dr Catherine Guintoli, nous ne travaillons pas de la même façon. Nos outils diffèrent. La téléconsultation par exemple qu’il faut savoir maîtriser ! Le patient lui-même ne sait pas très bien l’utiliser. » Malgré ses difficultés, la patientèle du généraliste de Foix reste sensible à ses efforts. « Les patients mettent en avant le fait qu’ils ne veulent pas nous déranger, ils viennent donc moins. La secrétaire de notre maison de santé qui est très dynamique déploie une énergie importante pour les rassurer, leur expliquer qu’ils ne doivent pas craindre de se rendre à nos cabinets. On leur propose le téléphone pour leur éviter de se déplacer, souvent plus simple que la téléconsultation. Ils sont assez reconnaissants de la façon dont on s’est adapté, du fait également qu’on prenne de leurs nouvelles. » Et le Dr Catherine Guintoli de conclure : « Je trouve qu’il y a moins d’impatience, moins d’agressivité, et certainement plus de considération pour notre profession. » Philippe Meursault

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