Malgré un risque suicidaire très élevé chez les seniors, les appels au 3114 – numéro national de prévention du suicide – restent très faibles pour cette population, selon le Pr Pierre Thomas, chef de pôle au CHU de Lille et coordonnateur du dispositif.
Les chiffres sont alarmants : en 2022, les 85-94 ans affichaient un taux de suicide de 35,2 pour 100.000 habitants, près de trois fois la moyenne nationale. En 2016, les plus de 75 ans représentaient 20 % des suicides, alors qu’ils ne constituaient que 9 % de la population.
Depuis sa création, le 3114 a reçu 959.000 appels (dont 338.000 en 2024), mais peu concernent les personnes âgées. Les seniors appellent davantage le 15 ou passent par les nouveaux Services d’accès aux soins (SAS) psychiatriques. Les freins sont multiples : difficultés avec le téléphone, tabou autour du suicide, banalisation de la souffrance liée à l’âge, ou encore manque de formation des professionnels en Ehpad.
Le 3114 souhaite désormais renforcer son action auprès des personnes âgées, en s’appuyant sur ses chargés de mission territoriaux pour créer des partenariats avec les acteurs locaux (ARS, conseils départementaux, DAC, Ehpad, etc.). Un travail complexe, dans un réseau encore fragmenté, mais jugé essentiel.
La HAS et la feuille de route santé mentale appellent aussi à adapter la prévention du suicide aux besoins spécifiques des seniors.
