C’est un texte que beaucoup attendaient. La loi visant à renforcer la sécurité des professionnels de santé a été publiée au Journal officiel. Désormais, les violences commises contre les soignants, qu’ils exercent en ville, en hôpital, en établissement ou au domicile du patient, pourront faire l’objet de peines aggravées. Les outrages seront punis plus sévèrement, et les ordres professionnels ou employeurs pourront se porter partie civile. Enfin.
Pour nous, médecins libéraux, cette avancée n’est pas seulement bienvenue : elle est nécessaire. Nous faisons trop souvent les frais de tensions qui ne relèvent ni de notre responsabilité, ni de notre champ d’action. Le cabinet médical, lieu de soin, est parfois devenu un théâtre de menaces, d’insultes, voire d’agressions physiques. Ces violences, qu’elles soient verbales ou corporelles, portent atteinte à notre sécurité, à notre dignité, mais aussi à notre capacité d’exercer sereinement. Cette loi acte un principe fondamental : nul ne doit risquer sa santé pour soigner.
Mais le soulagement ne doit pas masquer certaines limites. Si le texte durcit l’arsenal pénal, il n’aborde pas les causes profondes du malaise : surcharge du système, désertification médicale, signaux contradictoires des pouvoirs publics, dégradation du lien de confiance entre patients et soignants. Ce que certains députés LFI (voir le détail du vote) ont dénoncé comme une « inflation pénale » est aussi, en creux, le symptôme d’un système de santé en tension.
Les libéraux sont souvent à la croisée de ces tensions. Isolés, parfois sans personnel ou sans possibilité de médiation immédiate, nous restons vulnérables. Nous saluons donc les mesures concrètes qui nous concernent directement : possibilité de déclarer notre cabinet comme adresse de contact lors d’un dépôt de plainte, recours facilité aux ordres professionnels pour être soutenus juridiquement, reconnaissance claire des actes de violence subis au domicile du patient.
Cette loi n’est qu’une première étape, elle ne suffira pas à restaurer le respect. Elle devra être suivie d’un travail de fond sur la prévention, la formation à la gestion des conflits, l’éducation à la santé et le rétablissement du dialogue entre soignants et patients. Cela implique aussi de revoir les conditions d’exercice et de donner aux professionnels de santé les moyens humains et matériels d’agir efficacement.
La sécurité n’est pas un luxe, c’est un préalable. Ce texte le reconnaît. À nous, désormais, de faire entendre nos besoins, nos attentes, et notre exigence de protection — sans jamais renoncer à notre mission.
Nous vous souhaitons un très bel été et de bonnes vacances !
Jean-Christophe Calmes, président de l’URPS Médecins libéraux