
Le processus de certification des établissements spécialisés en psychiatrie par la Haute autorité de santé (HAS) cristallise tensions et inquiétudes dans le monde hospitalier. Réunis à Strasbourg pour leurs Journées annuelles, les psychiatres présidents de commissions médicales d’établissement (PCME) ont exprimé un malaise grandissant face à une procédure jugée inadaptée et injuste.
Les débats ont été particulièrement vifs lors de l’intervention des représentantes de la HAS. Les critiques se sont concentrées sur des indicateurs de qualité et de sécurité jugés inapplicables, sur des visites très variables selon les experts, et sur un sentiment de traitement inéquitable entre hôpitaux spécialisés (CHS), centres hospitaliers généraux (CHG) et CHU. « En CHS, tout est passé au crible, alors que dans les CHU, les visites sont plus rapides et aboutissent presque toujours à une certification », a dénoncé le Dr François Bertholon, président de la CME du CH Georges-Daumezon à Bouguenais.
À ces disparités s’ajoute la pression ressentie par les équipes. « C’est ma deuxième certification dans un établissement psy. Je n’ai jamais été aussi en stress », a confié une présidente de CME. Beaucoup de praticiens redoutent que, malgré leurs efforts, la certification leur échappe, laissant une image publique dégradée et des conséquences financières lourdes.
La HAS rappelle pourtant que, sur l’ensemble des établissements de psychiatrie, 86 % ont été certifiés (ou certifiés avec mention). Mais les professionnels estiment être davantage ciblés que d’autres structures. Le Dr Christophe Schmitt, président de la conférence nationale des présidents de CME de CHS, a plaidé pour une « analyse qualitative » des non-certifications et des réserves, afin que les équipes puissent agir efficacement.
Dans un contexte où la psychiatrie est déjà fragilisée, ce malaise souligne l’urgence d’une certification plus adaptée aux réalités de terrain.
Source APM News