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Destin d’un caméléon

Une histoire, à peine modifiée, racontée par Romain Gary, pour commencer ce nouvel édito :
« Vous connaissez l’histoire du caméléon ?
On le met sur un tapis bleu, il devient bleu ; on le met sur un tapis jaune, il devient jaune ; sur un tapis rouge, il devient rouge… on le met sur un tapis écossais, il devient fou. Il éclate.

Moi, je ne suis pas devenu fou, je suis devenu médecin. »

Parce qu’il en faut de la résilience pour supporter les injonctions paradoxales permanentes de nos gouvernants…
En 1971, on introduit le numerus clausus. Trop de médecins, trop de dépenses. Réduisons le nombre de médecins. Les médecins s’adaptent.
En 1987, on déconseille aux jeunes de s’installer dans les déserts médicaux : « Pas d’avenir… ». Les médecins s’adaptent.
En 1991, il n’y a jamais eu aussi peu de médecins en activité. On commence à se poser des questions… Les médecins s’adaptent.
En 1993, et grâce à Gilles Johannet directeur de la CNAM le numerus est au plus bas. 3500… Les médecins s’adaptent.
En 2022, c’est la catastrophe ! Déserts, pénurie de soignants, etc. Toutes choses annoncées depuis 20 ans. Les médecins s’adaptent : ils s’organisent, coordonnent les soins, se lancent dans la pluriprofessionalité, s’investissent dans l’exercice coordonné.

La semaine dernière, un « truc » appellé le CLIO (Comité de Liaison des Institutions Ordinales) annonce, benoitement, que, manquant de médecins, l’accès direct au système de santé par d’autres professionnels peut être une solution. Message immédiatement repris par les tutelles.
En oubliant au passage que les territoires se structurent pour faire face, que la pluripro ne se décrète pas, mais qu’elle se suscite et se vit au quotidien (Qui n’a jamais reçu un coup de fil de son IDEL ou de son pharmacien pour un patient ? C’est de la pluripro !)
Nous avons un système de santé avec, dans le monde libéral, un élément essentiel : le médecin traitant, responsable du patient, de son parcours, de sa prise en charge dans sa globalité. Partager cette responsabilité, lourde, dans le cadre de l’exercice cordonné, avec nos amis d’autres professions, c’est notre métier et probablement notre avenir. Mais, dans le respect des fonctions de chacun.
Méconnaître le rôle essentiel du médecin traitant au point d’envisager sa disparition est l’ultime erreur à laquelle la profession ne résistera pas.
Le caméléon va éclater.

Jean-Christophe Calmes – Président de l’URPS ML Occitanie

 

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