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Au quotidien avec la pandémie : Alain Vieillecazes, Médecin généraliste à Rodez (12)

« Ne changez pas vos habitudes, continuez à consulter. »

« Face à une population frappée de sidération, il nous a semblé important de sensibiliser le malade qui s’ignore ou celui qui ne suit plus ses prescriptions ! Craignant de venir dans nos cabinets, ils abandonnent le soin. Nos cabinets sont déserts comme les Causses ».

Le Dr Alain Vieillescazes, président du Conseil de l’Ordre des Médecins de l’Aveyron, a été un des premiers médecins à sensibiliser les patientèles à un niveau départemental, début avril. Affichage, presse, phoning, communications en partenariat avec les hôpitaux, tout a été fait «pour ne pas compter plus de morts de pathologies non-Covid que de morts de pathologie Covid », comme l’explique le généraliste de Rodez, ajoutant : « Je dis aux aveyronnais : ne changez pas vos habitudes, continuez à consulter. » Aujourd’hui, c’est déjà du passé, la population, en cherchant à reprendre ses activités, est revenue progressivement depuis mi-avril dans les cabinets des généralistes, mais pas encore dans ceux des médecins spécialistes. « On doit rassurer certains confrères un peu désorientés qui doivent redémarrer », dit le Dr Alain Viellescazes. L’hôpital de Rodez suit la même logique, et souhaiterait inviter les spécialistes à reprendre leurs consultations, malgré le Plan Blanc qui, comme pour tous les établissements hospitaliers, l’oblige à faire différer les interventions non-urgentes. Pour la phase de déconfinement qui commence à se déployer, le praticien aveyronnais paraît dubitatif : « Je ne saurais dire quelle est la meilleure solution. Ce que je sais est cette soif d’informations précises que réclament les professionnels de santé. Ils veulent des guides et des aides pour tracer le bon chemin ». En Aveyron, le sentiment général est qu’une forme de déconfinement a commencé : « On est en train de le vivre par avance, au moins en ce qui concerne les patients. Mais dès le 11 mai, lorsque l’autorisation de sortir sera donnée et que les gens auront recouvré leur liberté, la démarche citoyenne sera différente. » Ce que retient le président du Conseil de l’Ordre de cette période exceptionnelle de santé publique est, en matière d’exercice médical, le changement de pratiques : « Ce sera difficile de revenir en arrière. On a prouvé que cela pouvait marcher, maintenant il va falloir structurer ces pratiques, et notamment au niveau de l’URPS et des syndicats. Comme cette avancée considérable que représente la téléconsultation et qui aujourd’hui fonctionne. Ou encore les CPTS ! La crise sanitaire nous a permis de nous rendre compte que ces communautés étaient essentielles, par notamment les échanges entre professionnels et les retours entre les métiers. Il faut donc les faire, et rapidement ». Selon lui, la pandémie aura eu l’avantage de confirmer l’importance d’un tel projet de soins sur un territoire. « On avait besoin de cette confirmation pour développer ces projets, aujourd’hui on l’a. »

Odile Fraye

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