
Auditionnés le 20 mai 2025 par la commission d’enquête parlementaire sur l’accès aux soins, les syndicats d’étudiants, d’internes et de jeunes médecins ont vivement réagi aux reproches de certains députés, qui leur imputent une part de responsabilité dans la désertification médicale.
Des échanges tendus : Christophe Naegelen (Liot) a regretté un « décrochage » du temps de travail entre les générations. « Les médecins n’ont plus vocation à travailler 80 heures par semaine, mais ce changement a accentué les difficultés d’accès aux soins », a-t-il estimé.
Les représentants des juniors ont dénoncé un procès injuste. Raphaël Dachicourt (Reagjir) a rappelé qu’un médecin sur deux présente des symptômes de burnout, et que les jeunes cherchent à « soigner mieux, plus longtemps et en bonne santé ». Données à l’appui, il a réfuté l’idée qu’il faille deux jeunes pour remplacer un senior : les moins de 40 ans travaillent 8,1 demi-journées en moyenne, contre 8,9 pour les plus de 60 ans.
Une médecine qui a changé : Bastien Bailleul (Isnar-IMG) a souligné la transformation de la pratique : « On passe d’un modèle descendant à une décision médicale partagée, plus chronophage mais plus efficace sur le long terme. »
Des propositions ignorées : Face aux critiques, Lucas Poittevin (Anemf) a rappelé que les jeunes ne manquaient pas d’idées : « Cela fait cinq ou six ans qu’on soumet des propositions. Cette année encore, nous avons rédigé quatre documents sur l’accès aux soins, dont une proposition de loi clé en main, restée lettre morte. »
Des parcours morcelés : Killian L’helgouarc’h (Insi) a dénoncé la précarité géographique imposée aux internes : « En six mois, j’ai été envoyé à Lausanne, Perpignan, Nîmes, Mayotte… Comment construire une vie stable dans ces conditions ? » Il plaide pour une formation plus territorialisée, gage d’installations durables.
Les jeunes concluent : ils partagent l’inquiétude des Français, mais refusent de porter seuls le poids d’un système défaillant.
(Source le QDM – Aude Frapin)