Lors du congrès Urgences 2025, le ministre chargé de la santé, Yannick Neuder, a affirmé que les conditions n’étaient « pas réunies » pour instaurer un numéro unique d’urgence. Il a ainsi voulu rassurer les professionnels de l’aide médicale urgente (AMU) face aux tensions suscitées par un projet de loi du ministère de l’Intérieur, issu du « Beauvau de la sécurité civile », qui envisage une unification des numéros d’appel d’urgence.
Le Pr Pierre Carli, président du Conseil national de l’urgence hospitalière, a critiqué ce projet, rappelant que des systèmes similaires ont échoué ailleurs s’ils ne sont pas adaptés au contexte local. Il a mis en garde contre une démédicalisation du système préhospitalier, évoquant un risque pour la qualité de la prise en charge.
Yannick Neuder a réaffirmé son soutien à l’AMU et au Service d’accès aux soins (SAS), et s’est opposé à toute remise en cause de son cadre. Il a évoqué les expérimentations prévues par la loi Matras de 2021 pour tester différentes configurations de numéros d’urgence, dont le regroupement du 15, du 17 et des SIS. Toutefois, ces expérimentations seraient actuellement à l’arrêt.
Le ministre a insisté sur la nécessité de préserver l’efficacité des réponses d’urgence, tout en encourageant des solutions pragmatiques comme les plateformes locales pompiers-Samu ou l’interconnexion des systèmes d’appel, à condition qu’elles soient pertinentes localement.
Face aux promesses non tenues de désengorgement des urgences, il a annoncé une nouvelle phase axée sur la gestion de l’aval : hospitalisations directes, médicalisation des Ehpad, centres de crise en psychiatrie, et lutte contre les « bed-blockers ». Une feuille de route stratégique sera bientôt définie avec des experts terrain, à l’image de la mission SAS, afin de décloisonner les secteurs sanitaire et médico-social.
Enfin, le Pr Carli a appelé à recentrer les efforts sur les patients les plus vulnérables, notamment les personnes âgées polypathologiques, et a souligné trois priorités : l’aval des urgences, le développement du Samu-SAS et la reconnaissance de la pénibilité du métier d’urgentiste.
Source APM News