Le procès de l’affaire Mazan met en lumière la question de la soumission chimique et ses défis pour les médecins.
Depuis septembre, cette affaire, dans laquelle une femme droguée aux benzodiazépines par son mari a été violée par plusieurs hommes recrutés en ligne, soulève des interrogations sur l’errance médicale et l’absence de lien fait entre ses symptômes (IST, douleurs gynécologiques, pertes de mémoire) et les violences subies.
La soumission chimique reste difficile à détecter pour les médecins, en raison de la sensibilité des sujets abordés (violences, santé sexuelle) et du manque de données complètes. Selon l’ANSM, la soumission chimique implique l’administration de substances psychoactives à l’insu de la victime. En 2021, 727 signalements suspects ont été recensés, une hausse de 34,9 % par rapport à 2020, probablement liée entre autres à la levée des restrictions sanitaires. Cependant, cette augmentation pourrait cacher une sous-estimation du phénomène, de nombreux cas n’étant pas signalés.
Les substances impliquées incluent souvent des médicaments psychoactifs (56 %) et parfois des drogues comme la MDMA. Les symptômes cliniques sont souvent non spécifiques, allant de l’amnésie à des troubles neurologiques. Face à ces signes, le médecin peut explorer la possibilité de violences passées ou présentes.
Il est essentiel d’encourager les victimes à porter plainte et de réaliser rapidement des analyses toxicologiques. Ces analyses doivent être effectuées dans des délais très courts pour être fiables (par exemple, le GHB est détectable pendant seulement quelques heures).
La prise en charge des victimes inclut un suivi pour les IST, une aide médico-psychologique et un soutien associatif. Les médecins doivent aussi s’appuyer sur un réseau de ressources pour faire face aux cas de violence et ne pas hésiter à poser des questions même délicates, car souvent les victimes ne parlent pas spontanément. La détection systématique des violences est recommandée par la HAS, bien que ce ne soit pas toujours facile, notamment pour les médecins de famille qui traitent parfois à la fois la victime et l’agresseur. Essayer de passer la main à un confrère peut être alors une solution.